25/06/2021

Alerter et appareiller le plus tôt possible

Axelle Vaqué est audioprothésiste à Seignosse, Romain Decolin à Nancy et Maud Forêt à Paris. Tous trois parlent de la santé auditive pour bien vieillir aux personnes qu’ils reçoivent dans leurs centres AUDITION CONSEIL. Ils n’hésitent pas à les alerter sur les risques de déclin cognitif associés à la perte d’audition non compensée.

Romain Decolin : agir tôt

Le rôle de l’audioprothésiste est de parler de la protection de l’audition, autant que de la perte et de la correction auditives. C’est important aussi pour la prévention des troubles cognitifs. Entre 45 et 65 ans, la déficience auditive est le principal facteur de risque de la démence sur lequel il est possible d’agir. La cognition dépend, en effet, des capacités du cerveau à s’adapter, raisonner et interagir avec autrui et son environnement. L’audition joue un grand rôle, d’où l’importance de la préserver pour maintenir des activités cérébrales, des liens sociaux, et participer à des conversations.

Témoignage audioprothésiste Romain Decolin

Maud Forêt : aux premiers signes

La prévention des troubles cognitifs intéresse particulièrement les plus jeunes patients atteints de presbyacousie. Ces personnes consultent généralement parce qu’elles ressentent une gêne, en particulier au travail. Elles ont un vrai besoin de correction auditive, mais encore la capacité de s’en passer au quotidien. Le risque de perte cognitive leur importe d’autant plus qu’elles ont un parent ou un proche plus âgé, souffrant de la maladie d’Alzheimer ou d’autres troubles cognitifs. Je leur
explique qu’en stimulant certaines fonctions cérébrales, l’audition maintient le langage et l’équilibre, mais aussi le lien social. Je souligne également que l’énergie dépensée à compenser seul un déficit auditif pourrait être bien mieux utilisée lors d’une conversation.

Axelle Vaqué : personne seule

Je parle systématiquement du lien entre audition et cognition. J’insiste auprès des patients qui vivent seuls et viennent au centre poussés par leur entourage, ne ressentant pas euxmêmes le besoin d’être appareillés. Je les sensibilise au fait que leur environnement est riche de bruits auxquels ils ne font pas attention, mais dont la perception entretient leurs capacités auditives et cognitives. L’un de ces patients a ainsi vérifié mes informations et cet argument l’a convaincu de s’appareiller. Il s’est vite aperçu du confort auditif et de la qualité de vie retrouvés.

Romain Decolin : moins dix décibels

L’appareillage auditif doit être précoce pour empêcher le déclin cognitif. Or les patients font peu le lien entre audition et cognition. En général, ils minimisent leur perte auditive et son impact. En effet, tous les 10 décibels de perte auditive supplémentaire, et si on ne fait rien pour la compenser, le risque de démence est démultiplié. Il faudrait une campagne de sensibilisation nationale sur la nécessité de bien entendre pour bien vieillir. Cela permettrait de diagnostiquer et traiter plus tôt la perte d’audition, et de limiter ainsi son impact sur l’activité cérébrale.

Axelle Vaqué : l’effet du masque

Comme dans d’autres domaines de la santé, on a souvent plus peur du diagnostic ou du traitement, que du risque lui-même. Les patients que je reçois sont davantage motivés par la pression de leur entourage que par leur propre ressenti. Avec la Covid – 19, certains viennent aussi car ils entendent moins bien lorsque leur interlocuteur porte un masque. Ils compensent probablement en partie leur déficience auditive en lisant sur les lèvres. Le confinement avec d’autres personnes peut également favoriser la prise de conscience.

Témoignage audioprothésiste Axelle Vaqué

Maud Forêt : un signal

Pour la plupart, mes patients aussi sont poussés par leur entourage, même lorsqu’ils ont consulté un médecin ORL avant de venir au centre. Certains, à plus de 75 ans, n’ont aucune envie d’être appareillés. Ils se sentent bien dans une ambiance sonore plus ouatée, moins aiguë. Je les alerte sur le danger de déclin cognitif. Je les invite à considérer leur perte d’audition comme un signal pour leur santé, au même titre que la glycémie ou la tension artérielle.

Axelle Vaqué : accompagner

Il n’y a aucun intérêt à appareiller quelqu’un qui n’en ressent pas le besoin, car il n’utilisera pas suffisamment ses appareils auditifs pour s’y habituer et éprouver leurs bienfaits. Lorsqu’un patient se sent bien dans sa bulle et n’a aucune envie de mieux entendre, je n’insiste pas. Je lui conseille de faire contrôler à nouveau son audition sans trop attendre. J’ai souvent recours à l’image de l’escalier, d’autant plus difficile à monter qu’il y a de niveaux entre le haut et le bas.

Romain Decolin : des résultats

Les aides auditives sont encore bien trop perçues comme des dispositifs du quatrième âge de la vie. Or elles ont fait leurs preuves dans la prévention précoce du déclin cognitif. Je pense même qu’avec des appareils de dernière génération, on obtiendrait encore de meilleurs résultats si l’on refaisait les études sur lesquelles on se base aujourd’hui. Des progrès technologiques importants ont été accomplis ces dix dernières années, tant dans la correction et le confort de l’aide auditive, que sur les services en plus. De nombreux patients utilisent ainsi les applications mobiles de leurs aides auditives pour entraîner leur audition ou leur mémoire, ou encore évaluer et améliorer l’usage de leurs appareils.

Maud Forêt : du bien-être

Je reçois parfois des patients atteints de troubles cognitifs, qui consultent sur les conseils de leur orthophoniste ou de leur psychothérapeute. Une fois le déficit cognitif installé, l’appareillage est bien plus difficile mais il peut permettre d’améliorer le bienêtre et la sécurité du patient, ainsi que ses relations avec les personnes aidantes.

Témoignage audioprothésiste Maud Forêt

Pour plus d’informations, consultez votre audioprothésiste AUDITION CONSEIL.